Louvignies-Quesnoy: ancien biochimiste, Serge Dreumont
se lance dans le maraîchage bio
Par ESTELLE BAILLIEUX
À 51 ans, ce natif de Louvignies-Quesnoy
a décidé de prendre un virage à 360 degrés, et de se lancer dans la culture
maraîchère biologique. Au mois de septembre, il devrait obtenir le fameux
certificat bio, valeur de sésame.
Serge Dreumont a quitté son métier de biochimiste
après un licenciement pour se consacrer à la culture bio.
Il a déjà le teint hâlé, les deux pieds
dans la terre, un œil sur les serres. Serge Dreumont veille sur ses trois
hectares de culture maraîchère. De parents agriculteurs, à la tête d’une
exploitation orientée vers l’élevage laitier et la polyculture, le maraîchage,
il « avait ça dans l’âme. J’aidais à la ferme. J’aimais bien travailler dans
les champs». Serge Dreumont « aurait bien voulu faire des études de
chimie et travaillé dans l’agriculture, dans un laboratoire de recherche comme
l’Inra. Mais ça ne s’est pas fait». Il intégrera bien un laboratoire, mais
un laboratoire d’analyse médicale à Valenciennes. Ce technicien de laboratoire
sera licencié vingt ans plus tard. Il retrouvera du boulot dans un laboratoire
travaillant dans l’industrie pharmaceutique à Prouvy. « Sur la fin, j’en
avais marre. Je n’avais pas de bonne relation avec mes supérieurs». Il
partira lors d’un plan social en 2009.
Après une formation à l’institut de
Genech, Serge Dreumont s’installe en novembre 2011. « Ce n’est pas là que
j’ai appris à faire du maraîchage, mais de l’administratif, à faire les
comptes, à rencontrer des partenaires», confie ce jardinier amateur depuis
des années. Cette formation, qui rentre dans le cadre d’un plan de reconversion
professionnelle, lui donne certes droit à une capacité, mais à aucune aide à
l’installation, réservée aux jeunes agriculteurs.
Qu’importe, il poursuit sa voie, avec
l’idée de faire du bio, qui lui impose l’usage strict d’engrais organique et
non chimique. « Pour moi, c’est la façon normale de cultiver des légumes.
J’ai travaillé dans la chimie pendant des années, je sais ce que c’est. C’est
responsable de pas mal de cochonneries, et ça fait réfléchir», note Serge
Dreumont, qui se plie aux contrôles d’Ecovert, aux contraintes de la
certification. La reconversion en bio devrait être effective en septembre. Dès
lors, Serge Dreumont investit dans un forage, dans la mise en place de clôture,
aménage une bande non cultivée de cinq mètres minimum autour de ses champs,
eux-mêmes entourés d’exploitations agricoles conventionnelles. Sur ses
parcelles, il cultive une trentaine de variétés de légumes différentes. « En
bio, le gros souci, c’est le désherbage manuel, la gestion des maladies et des
ravageurs», commente-il.
À cela, il a sa solution, la rotation
des cultures et d’une parcelle de luzerne (fauchée et récoltée par le lycée
agricole du Quesnoy en échange de fumier qu’il met en compostage six mois), et
l’utilisation de variétés résistantes. Serge Dreumont écoule sa production en
vente directe, mais à 80 % par le biais de l’Association pour le maintien d’une
agriculture paysanne (Amap) de Louvignies-Quesnoy, créé en 2011. « Lors d’un
stage dans une ferme bio à Maing, qui travaille avec l’Amap du Quesnoy, tenue
par d’anciens collègues partis du laboratoire lors d’un plan de licenciement,
on m’a dit qu’au Quesnoy, il y avait une liste d’attente à l’Amap. L’idée a
germé de créer une Amap à Louvignies-Quesnoy». L’an dernier, Serge Dreumont
a fourni ses premiers paniers aux adhérents. Cinquante par semaine. Après un
peu plus d’un an de reconversion professionnelle, il ne regrette pas son choix.
Même si l’an dernier, il ne s’est pas versé de salaire. « Pour que
l’activité soit rentable, il faudrait distribuer soixante paniers par l’Amap,
et développer la vente directe. J’aime bien ce que je fais, je suis à l’air
libre, mon propre patron. Le souci est que le salaire ne suit pas. Je me dis
que c’est la première année. J’ai beaucoup investi. Lorsqu’on est plus jeune, on
peut investir un peu à la fois».
Serge Dreumont a décroché un contrat
pour la restauration scolaire du Quesnoy et tient un stand au tout nouveau
marché bio de Valenciennes place Saint-Nicolas (le prochain aura lieu le 5
mai). Et ne désespère pas un jour d’écouler sa marchandise auprès d’un
restaurateur friand de cuisiner des produits frais et 100 % biologiques. E. B.
El Bio gardin, rue Roger-Robert, à
Louvignies-Quesnoy : vente directe, lundi, mercredi, vendredi, samedi de 14 h à
20 h et dimanche de 9 h à 12 h
27/07/2012 : On parle de Serge dans "Le Monde" !
18/04/2012 (La Voix du Nord) "Les premiers paniers de légumes frais distribués aux adhérents de l'AMAP de LOUVIGNIES"
Les paniers de légumes produits par Serge Dreumont sont distribués chaque vendredi auprès des adhérents de l'AMAP.
Après Le Quesnoy en 2009, une
deuxième association pour le maintien d'une ... agriculture paysanne (AMAP) a vu le jour à
Louvignies-Quesnoy ( notre édition du 4 janvier). Soutenu par l'AMAP du
Quercitain, le projet consistant à établir un partenariat entre les
agriculteurs et les consommateurs s'est d'autant plus aisément concrétisé que
l'AMAP du Quesnoy disposait d'une liste d'attente d'adeptes de la formule et
qu'un maraîcher local était prêt à s'engager dans une production respectueuse
de l'environnement. L'association El bio gardin vient de se créer afin de
sceller le contrat entre le producteur, Serge Dreumont, dont les terres sont en
conversion vers l'agriculture biologique et les consommateurs qui s'engagent à
aller chercher chaque semaine leur panier de légumes frais et de saison. Ces
paniers sont conçus pour une famille de quatre personnes. L'engagement est pris
pour une année, au prix de 13 E le panier. Une réunion d'information, démarche
à la fois solidaire et écologique, a été organisée dernièrement par le groupe
d'animation. Elle a porté ses fruits puisque de nouveaux adhérents sont venus
étoffer les inscriptions. Aujourd'hui, l'association enregistre trente paniers
hebdomadaires. La distribution a lieu chaque vendredi, de 18 h à 20 h, à la
ferme. Rencontrée sur le site, Sophie Gaida, venue de Villereau, est fort
satisfaite du concept. « Il permet de trouver, à proximité des produits
frais, de saison, cultivés suivant le cahier des charges de l'agriculture
biologique, de découvrir des légumes anciens, comme par exemple, le panais et
même d'échanger des recettes », indique cette adhérente. L'association
envisage la création d'un blog et dans le cadre de son animation, va proposer
des chantiers aux bénévoles.
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